Toulouse 2018
Penser le symptôme et panser le corps
Les journées se sont déroulées les 6,7 et 8 juin 2018
La préoccupation sanitaire est au cœur de la Protection de l’enfance, mais de manière feutrée, évasive, rarement
précisée en tant que telle. Pourtant protéger l’enfant a d’entrée de jeu partie liée avec le soin, au sens de « prendre soin ». Ainsi le soin, le sain, la santé s’inscrivent-ils dans une continuité de sens légitimée, confirmée, par l’évidence d’une prescription, celle du Code civil : « si la santé, la sécurité, la moralité » etc. Cet énoncé est certes daté, inscrit dans la réalité sanitaire de la fin du XIXe et du début du XXe siècle où les priorités avaient alors pour noms choléra, poliomyélite, tuberculose, insalubrité des logements. La loi du 24 juillet 1889 sur l’enfance maltraitée ou moralement abandonnée est la première du genre à se préoccuper simultanément de la violence ou des négligences parentales et de la protection des enfants : elle introduit la nécessité systémique d’une telle protection environnementale, à partir de la quadrature « santé, sécurité, moralité, éducation ». Nous savons la hiérarchie des valeurs et des normes qui préside à ce type d’énonciation juridique. Ici la santé, par sa place première, surplombe les trois autres termes. La santé est individuellement comme socialement déterminante en ce sens qu’elle doit tendre vers l’expression d’un bien être global.
Ainsi le préambule de la Constitution de l’OMS (1946) énonce-t-il que la santé « est un état de complet bien-être physique, mental et social, qui ne consiste pas seulement en une absence
de maladie ou d’infirmité ».
Selon la charte d’Ottawa (1986) les préalables indispensables à toute amélioration de la santé sont les suivants : se loger, accéder à l’éducation, se nourrir convenablement, disposer d’un certain revenu, bénéficier d’un écosystème stable, compter sur un apport durable de ressources, avoir droit à la justice sociale et à un traitement équitable.
Ces préalables à des conditions de vie correctes nous renvoient au quotidien de ces familles rencontrées en Assistance éducative qui, le plus souvent, sont en situation de carence quant à un ou plusieurs de ces « paramètres du bien-être».
La santé ne se mesure pas au nombre de pathologies ou d’affections soignées. C’est un rapport à la norme que chacun entretient à partir de son propre seuil de tolérance à l’inacceptable. Si nous ne sommes pas à proprement parler des soignants, nous sommes pour autant dans une forme de soin face à des personnes malades de ne pouvoir accéder à des conditions de vie acceptables, suffisamment bonnes (au sens de Winnicott) c’est-à-dire propices à la sécurité affective et à la stabilité de son environnement.